Le "corps-caméra". Rencontre avec Benoît Dervaux
Benoît Dervaux est directeur de la photographie et réalisateur de documentaires, mais c’est en tant que cadreur qu’il a travaillé, souvent caméra à l’épaule, sur pas moins de 8 longs-métrages des frères Dardenne, de La promesse à La fille inconnue, avant de signer également la lumière de leurs derniers films. C’est ce travail du cadre, la place de la caméra, ses mouvements et la distance avec ce qui est filmé, que nous avons eu envie de questionner avec lui à l’occasion de cette soirée.
"Les mouvements du corps de Benoît Dervaux (le cadreur) portant la caméra sont plus subtils, plus vifs, plus sentis et plus complexes que n'importe quel mouvement réalisé à l'aide d'une machinerie. Son buste, son bassin, ses jambes, ses pieds sont ceux d'un danseur. Avec Amaury Duquenne (son assistant) qui l'accompagne et le soutient dans ses mouvements, ils forment un seul corps-caméra".
(Luc Dardenne, Au dos de nos images, le 01/10/2004)
Rendre perceptible le cadre, c’est-à-dire ce mélange complexe d’humain et de machine, et utiliser la caméra en tant qu’outil d’écriture cinématographique, voilà une problématique que Benoît Dervaux explore de film en film depuis plus de trente ans. C’est le travail de cette « caméra signature », qui caractérise depuis longtemps le cinéma des frères Dardenne et du travail de l’un de leurs plus étroits collaborateurs, que cette soirée nous permettra de questionner avec lui.
Comment se pense et se travaille la chorégraphie du cadreur en fiction ? Comment les envies et les besoins en termes de mise en scène s’expriment-t-ils et se discutent-ils entre le(s) réalisateur(s), le cadreur et le DOP ? Comment aborder la place et les mouvements du cadreur-caméra dans un plan séquence et/ou dans des espaces exigus ? Pourquoi ne pas avoir recourt au steadicam ou d’autres systèmes de stabilisation ? Quelles sont les principales différences entre fiction et documentaire dans le travail du cadre ? Et qu’est-ce qui change dans le travail de Benoît Dervaux lorsqu’il signe à la fois la lumière et le cadre d’un film ? En nous appuyant sur de nombreux extraits de films, cette rencontre nous permettra ainsi d’explorer le travail du cadre et, in fine, d’aborder « l’impact » recherché et la nature de l’émotion suscitée par les images sur le/la spectateur·rice.
Biographie :
Benoît Dervaux (BE) débute en tant qu'assistant caméra, cadreur et directeur de la photographie sur plusieurs documentaires cinéma et travaille notamment sur plusieurs épisodes de l’émission Strip-Tease de Manu Bonmariage. En 1996, les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne l'engagent pour s'occuper du cadre sur LA PROMESSE et, quatre ans plus tard, sur ROSETTA. Il travaillera sur tous leurs films suivants : Le fils (2002), L’enfant (2005), Le silence de Lorna (2008), Le gamin au vélo (2011), Deux jours, une nuit (2014), La fille inconnue (2016) et signera à la fois le cadre mais aussi la lumière sur Le jeune Ahmed (2019) et Tori et Lokita (2022). Il a également signé l’images d’autres long-métrages, en particulier Stormy Weather de Solveig Anspach, Les rayures du Zèbre de Benoit Mariage ou encore Laissez-moi, le premier long-métrage de Maxime Rappaz (2023). Benoît Dervaux a en outre réalisé plusieurs documentaires.
Tarifs :
CHF 5.- pour les membres de Fonction : Cinéma
CHF 15.- pour les non-membres
Vous ne pouvez pas assister à cette soirée en présentiel ?
Un lien vers le live streaming peut vous être envoyé sur demande à contact@fonction-cinema.ch (les mêmes tarifs s'appliquent)
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